Un dialogue avec Sandrine Emma Chiepo Akaffou, Sous-Secrétaire générale pour les travailleurs domestiques en Côte d’Ivoire, à partir du cours sur le Travail décent pour les travailleurs domestiques
Pendant une pause-café au milieu du cours sur le Travail Décent pour les Travailleurs Domestiques, je me suis assis aux côtés de Sandrine Emma Chiepo Akaffou, originaire de Côte d’Ivoire, où elle exerce actuellement la fonction de Sous-Secrétaire générale pour les travailleurs domestiques. Nous avons évoqué ses sources d’inspiration quotidiennes et sa vision de l’avenir.
Sur la scène nationale et internationale, la contribution économique et sociale des travailleurs domestiques et le besoin d’améliorer leurs conditions de vie et de travail sont de plus en plus reconnus. Le cours auquel Sandrine participait au Centre International de formation de l’OIT visait à promouvoir le dialogue interrégional entre les différents acteurs participant à la promotion du travail décent pour les travailleurs domestiques et à renforcer les capacités institutionnelles pour s’assurer de leur protection adéquate.
Pour Sandrine, les motifs de sa participation à la défense de droits des travailleurs domestiques sont personnels: "Je suis moi-même une travailleuse domestique. Ce travail me passionne, car j’ai été employeuse pendant dix ans puis j’ai dû trouver un poste d’employée pour expérimenter la réalité du travail domestique."
Ses années d’expérience lui ont permis de remarquer un changement significativement positif dans le domaine du travail domestique: "Avant la population percevait différemment les travailleurs domestiques, mais aujourd’hui, cette perception change. Les personnes commencent à se rendre compte que le travail domestique est un travail à part entière qui peut résoudre des problèmes liés au chômage et à l’immigration."
Si ce travail est formalisé, pourquoi aller ailleurs? Je préférerais rester dans mon pays et travailler, car cet emploi me permet de vivre décemment, il me permet de mettre mes enfants à l’école, de m’assurer une retraite.
Toutefois, ce changement de point de vue s’accompagne d’une série d’obstacles. La Côte d’Ivoire progresse lentement dans la formalisation de ce secteur.
"Heureusement, aujourd’hui, nous disposons de la Convention 189 qui couvre ces travailleurs", déclare-t-elle. "Seuls neuf pays ont ratifié cette Convention mais je pense que, dans certains pays, des législations couvrent ces travailleurs et nous pouvons commencer à les adopter grâce aux actions", exprime-t-elle, pleine d’espoir.
Quand elle parle de l’avenir, Sandrine met la barre haut. Elle imagine "un syndicat du travail domestique qui est très fort. Les travailleurs domestiques auraient le droit de négocier leur contrat et bénéficieraient d’une sécurité sociale."
Elle s’engage totalement dans l’octroi de droits égaux aux travailleurs domestiques par le biais de la légalisation des agences de placement, la mise en place de plateformes d’employeurs et la garantie de la sécurité des femmes.
Le travail domestique est présent dans le monde entier. Ces travailleurs peuvent contribuer au développement de pays et de nations.
Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, on recherche des travailleurs domestiques. "La demande est élevée, car la population est vieillissante et les femmes exercent à présent des professions de médecin, etc. Dès lors, les foyers ont besoin de travailleurs domestiques pour prendre soin de leurs enfants, famille et proches", explique-t-elle. "Inévitablement, nous formaliserons ce secteur. Nous gagnerons", affirme-t-elle.
Sandrine a une volonté contagieuse et une vision positive de l’avenir. D’où lui vient cette inspiration? Nous avons ensuite discuté de la manière dont elle passe son temps libre en dehors du travail.
"Je lis", affirme-t-elle. "Je lis des romans, des histoires sur la vie, des personnes qui ont réussi dans leur vie et qui, malgré des conditions difficiles, ont surmonté les obstacles", indique-t-elle.
Je me dis que rien n’est impossible, quelle que soit l’épreuve que nous rencontrons. Nous seuls pouvons changer notre histoire. Personne ne le fera pour nous. Nous devons changer la situation.
La découverte est la clé du succès pour Sandrine, dans un roman ou par le biais de ses voyages. Son affiliation à la Fédération Internationale des Travailleurs Domestiques l’a conduite à des ateliers en Tanzanie, au Kenya et au Rwanda. En juin dernier, elle a également participé à la Conférence Internationale du Travail à Genève, au cours de laquelle la Convention 189 a été adoptée.
Pour elle, ces environnements internationaux sont d’une valeur inestimable. Au CIF-ILO, elle a trouvé une atmosphère particulièrement stimulante: "Non seulement de nombreuses nations sont représentées, mais le partage de connaissances sur ce qui est fait dans d’autres pays m’impressionne vraiment."
"Nous devons échanger, parler, bouger, expliquer. C’est ma passion."