Dans un monde de plus en plus affecté par le changement climatique, la sécurité sociale est plus essentielle que jamais. Comme l'a souligné Shahra Razavi, Directrice du Département de la Protection sociale universelle de l'Organisation internationale du Travail (OIT), « les systèmes de protection sociale sont indispensables pour atténuer l'impact des politiques climatiques, notamment sur les travailleurs vulnérables. »

Pour répondre à ce besoin urgent et à d'autres questions connexes, le Centre international de formation de l’OIT (CIFOIT) a récemment accueilli l'Académie sur la sécurité sociale, qui a réuni plus de 150 participants issus de 45 pays sur le campus de Turin, en Italie.

Lors de l'inauguration de l'Académie, Charles Crevier, responsable du programme, a souligné l'importance de la mission : « Les 45 nationalités dans la salle représentent environ 5 milliards de personnes qui attendent de leurs pays des systèmes de protection sociale complets. Votre investissement dans ce parcours d'apprentissage reflète un engagement fort envers cette cause. »

L'Académie a permis de confronter des pratiques et des défis variés, créant ainsi un environnement propice à des échanges d'expériences uniques et à un partage de connaissances enrichissant. Le programme s'est appuyé sur l'expertise de plus de 40 spécialistes et membres du personnel international, offrant des perspectives précieuses et contribuant à une expérience d'apprentissage féconde.

Chaque journée débutait par des discussions plénières abordant des sujets pressants tels que l'évolution des systèmes de sécurité sociale, l'atteinte d'une couverture universelle, la réduction des déficits de financement, la prise en compte de l'action climatique et de la justice sociale, ainsi que l'utilisation des données pour promouvoir des systèmes plus robustes.

Les sessions plénières ont posé les bases de discussions plus spécialisées, permettant aux participants d'explorer des thèmes clés tels que le développement des politiques, la planification innovante et les stratégies d'adaptation des systèmes de sécurité sociale aux exigences d'un monde en mutation rapide.

Par la suite, les participants ont eu l'opportunité de suivre des cours électifs ciblés, personnalisant leur expérience d'apprentissage en fonction de leurs intérêts et besoins professionnels. Ces cours abordaient des sujets variés, allant de la conception et du financement des systèmes de protection sociale à l'élargissement de la couverture pour les travailleurs informels et ruraux, en passant par le leadership dans l'administration publique et la réforme des pensions.

Cette combinaison équilibrée entre des sessions plénières générales et des cours électifs ciblés a offert aux participants une expérience d'apprentissage complète et personnalisée, les dotant d'outils à la fois théoriques et pratiques.

Lors de la cérémonie d'ouverture de l'Académie, Mme Razavi a donné le ton en s'appuyant sur les conclusions du dernier Rapport mondial sur la protection sociale de l'OIT. Elle a souligné l'impact profond du changement climatique sur les sociétés, notant que les perturbations subies par les entreprises, en particulier les micro et petites entreprises, peuvent entraîner des défis significatifs en matière d'emploi. « Les travailleurs risquent de perdre le contact avec le marché du travail, rendant la réintégration difficile », a-t-elle observé.

Alors que les pays adoptent des politiques climatiques, les conséquences sociales peuvent être vastes. Par exemple, l'augmentation des prix de l'énergie peut provoquer des résistances de la part des populations qui estiment que leurs salaires sont érodés. Mme Razavi a insisté sur le fait que « la protection sociale joue un rôle crucial pour rendre les politiques climatiques plus acceptables ». Elle a appelé à des investissements accrus dans des systèmes tels que les allocations chômage et les programmes de reconversion, qui peuvent aider les travailleurs à passer des industries traditionnelles aux secteurs verts émergents.

Cependant, Mme Razavi a également mis en lumière des lacunes importantes, notamment en matière de prestations pour enfants. Elle a présenté des statistiques alarmantes, révélant que « 76 % des enfants dans le monde ne sont pas couverts », une situation qui aggrave la pauvreté infantile et la négligence - des problèmes exacerbés par une crise climatique qui touche de manière disproportionnée les plus jeunes.

En identifiant les obstacles, Mme Razavi a pointé du doigt l'informalité du marché du travail comme un défi majeur. « Deux milliards de travailleurs se trouvent dans l'économie informelle, dont la grande majorité n'est couverte par aucune forme de protection sociale », a-t-elle déclaré, en soulignant la nécessité de politiques incitant les petites entreprises à se formaliser et à contribuer à des systèmes de protection sociale complets.

Un investissement financier substantiel est nécessaire, surtout dans les pays à faible revenu. Mme Razavi a noté que « le déficit de financement pour un socle de protection sociale s'élève à environ 3,3 % du PIB dans les pays à revenu faible et intermédiaire ». Des stratégies fiscales innovantes et une gestion efficace des dépenses publiques sont essentielles pour combler ce déficit et assurer un soutien adéquat en période de crise.

En conclusion, Mme Razavi a insisté sur la responsabilité de l'État dans la construction et le maintien de systèmes de protection sociale adéquats : « Nous ne pouvons pas compter uniquement sur la libéralisation et les forces du marché ; les États ont encore un rôle essentiel à jouer. » Une approche fondée sur les droits est fondamentale, garantissant que les citoyens puissent avoir confiance dans ces systèmes pour les soutenir en cas de besoin. « Reconstruire le contrat social entre l'État et la société est vital », a conclu Mme Razavi.

In a world where, as Ms. Razavi highlights, the importance of social security is more critical than ever, the need for professionals thoroughly dedicated to advancing social welfare continues to grow.

One of the key objectives of the ITCILO Academy on Social Security is to meet this demand. This year’s edition featured a dynamic session titled "Knowledge-Sharing with Social Protection Champions," where three outstanding graduates shared their experiences and insights, showcasing the transformative power of education and collaboration in the field.

                                                    Innover le système de retraite en Espagne

La première intervenante à prendre la parole fut Maria Paz Sanz y Sanz, une experte chevronnée d’Espagne. Maria Paz a commencé son intervention en abordant les complexités du système de retraite de son pays. Avec passion, elle a partagé : « Au cours des cinq dernières années, j’ai commencé à étudier le système de retraite, ici même à l’Académie. Je suis tombée amoureuse de l’OIT et j’ai continué à suivre d’autres cours. »

Elle a mis en lumière les défis urgents de l'Espagne, notamment le vieillissement de la population et les problèmes de viabilité financière. Maria Paz a participé à deux réformes clés du système de retraite : les mécanismes d'ajustement automatique et les mesures d'équité, conçues pour équilibrer le système et l'adapter aux changements démographiques. Cependant, elle a précisé qu’il ne s’agissait que de « pré- ou semi-réformes », soulignant que des changements plus complets sont nécessaires pour faire face à des défis à long terme comme le vieillissement de la population et la dynamique du marché du travail. Ces réformes, a-t-elle déclaré, ne sont « que la première étape pour résoudre le problème, pas la solution unique ».

Enfin, elle a souligné l’importance d’un apprentissage continu et de l’adaptation face aux défis qui évoluent. « S’il vous plaît, ne cessez jamais d’apprendre. Si vous vous engagez avec les lignes directrices de l’OIT et de l’AISS, vous pourrez trouver des moyens de surmonter vos difficultés », a-t-elle conseillé, en soulignant son engagement envers la défense et l’innovation.

                                                    Réformes de la sécurité sociale en Côte d'Ivoire

Ensuite, Yoro Balé Lucas Innocent Botti a apporté une perspective nouvelle de la Côte d’Ivoire. Actuaire à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), Lucas a suivi une formation approfondie depuis 2020, obtenant un diplôme d'Analyste en Protection Sociale.

« Cette formation nous a permis de mettre en œuvre des réformes structurelles et d'introduire des innovations dans la gestion du système de protection sociale à la CNPS », a partagé Lucas. « Nos efforts ont inclus l'amélioration de la gestion financière, l'élaboration de politiques nationales et l'extension de la couverture à des travailleurs autonomes jusque-là non protégés. »

Une autre réalisation remarquable fut la réforme des allocations familiales, contribuant à réduire les écarts de couverture et à lutter contre le travail des enfants. Ces efforts ont optimisé le système de sécurité sociale de la Côte d’Ivoire, aidant les décideurs à développer des stratégies plus efficaces.

                                                     Une voix pour les populations vulnérables au Belize

Enfin, Leticia Vega a pris la parole, représentant fièrement le Belize. La dévotion de Leticia à défendre les populations vulnérables transparaissait tandis qu’elle partageait son parcours. « Je travaille dans le système de sécurité sociale depuis plus de 16 ans, œuvrant pour l’accès des populations vulnérables », a-t-elle expliqué, détaillant son engagement à faire en sorte que les voix marginalisées soient entendues et respectées.

Leticia a détaillé ses efforts pour la mise en œuvre d’un programme national d’assurance santé destiné aux travailleurs informels, en soulignant l'importance de l’engagement communautaire. « J’ai appris l'importance d'écouter les groupes vulnérables, de comprendre leurs besoins et de les aborder efficacement. C'est la clé du changement », a-t-elle affirmé, appelant ses collègues participants à utiliser les connaissances acquises à l’Académie pour un changement significatif dans leurs communautés.

Each learning session, elective course or champion's story contributed to reinforce the Academy's mission: to inspire professionals to become change-makers in their countries. As participants reflected on their own experiences and shared stories, each session exemplified the transformative impact of the Academy on individuals and their communities. With former participants and world-class experts leading the way, the future looks promising, fuelled by innovation, collaboration, and unwavering dedication to social justice.

The 14th edition of the Academy on Social Security has not only equipped participants with the essential knowledge and tools needed to advance welfare systems but has also fostered a vibrant community of advocates committed to creating lasting change.

As these dedicated professionals return to their home countries, they bring with them the collective insights and innovative strategies developed during the Academy. United in purpose, they are well-positioned to advance social justice, strengthen resilience, and rebuild the social contract between states and societies.

Their efforts will ensure that no one is left behind in the pursuit of comprehensive coverage, while fostering resilience in the face of climate change and other societal challenges.